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L’art du secret en pleine lumière


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Quentin Règles

Quand la DGSE parle, ce n’est jamais innocent.
🕵️ C’est une première. Le patron des espions français, Nicolas Lerner, s’est exprimé en direct sur LCI. Une voix calme, maîtrisée, presque pédagogique. À première vue, un signe d’ouverture. Mais le calendrier interroge...
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Une série de suicides dans les services sensibles, la mort inexpliquée d’un analyste réputé, le décès brutal d’un député enquêtant sur Alstom, la réouverture du scandale du Rainbow Warrior avec un livre accablant pour Mitterrand… Et cette question qui monte : la transparence affichée ne serait-elle qu’un contre-feu feutré ? La République du secret excelle dans l’art de parler à bon escient, c’est-à-dire quand il faut détourner le regard.
Une apparition inédite
Le 8 juillet 2025 était un mardi soir comme les autres, jusqu’à ce que l’on découvre, face caméra, le visage lisse du nouveau patron de la DGSE. Nicolas Lerner, 47 ans, ancien directeur de la DGSI, était là, en cravate sobre, invité par Darius Rochebin. Jamais un chef des services extérieurs français ne s’était prêté à un tel exercice médiatique. C'était même impensable. Jamais l’ombre n’avait pris la parole avec une telle netteté.
Il évoque le renseignement avec des mots simples. Il insiste sur le sang-froid, la curiosité, la loyauté. Il rassure. Il humanise. Il modernise. L'animateur ne pose pas de questions qui fâchent. Et soudain, on se surprend à oublier ce que représente la DGSE : le bras invisible de la raison d’État. Celui qui pose des micros. Et parfois des bombes...
Mais parler maintenant, est-ce parler librement ? Ou occuper le terrain, faire pression, avant que d’autres ne le fassent ?
Rainbow Warrior : la mémoire qui dérange
Quarante ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour que le scandale du Rainbow Warrior remonte à la surface avec une telle force. Un livre détonant, Deux bombes sous le Rainbow Warrior, chez Grasset. Il est l'oeuvre de Hervé Gattegno, journaliste d’enquête reconnu, ancien directeur de la rédaction du Journal du Dimanche et de Paris Match, également passé par Le Monde et Le Point.
L'auteur s’appuie sur un rapport resté secret pendant deux décennies, un document interne de l’amiral Lacoste (ancien directeur de la DGSE)... Il affirme sans ambiguïté que François Mitterrand a délibérément menti. Le président savait, validait, et manipulait.
Deux bombes sous le Rainbow Warrior démontre que :
François Mitterrand avait personnellement ordonné l’opération contre le Rainbow Warrior en 1985.
La version officielle (celle d’une initiative « isolée » de la DGSE) était un mensonge d’État.
Le scandale aurait pu, selon Hervé Gattegno, « couler » la présidence Mitterrand s’il avait éclaté dans son ampleur réelle.
Ce n’est plus seulement l’État qui est mis en cause. C’est la légende même de la gauche morale. C’est le mensonge installé au sommet de l’Élysée. Les faux rapports, les démentis, la démission d’Hernu pour sauver la tête de l’Élysée… Tout ça pour quoi ? Pour couler un bateau pacifiste et tuer un photographe, Fernando Pereira.
Et voilà que le livre sort, que la presse relaie, que les esprits s’échauffent. Juste au moment où, comme en écho, la DGSE se met à parler...
Suicides en série, silences en cascade
Le 9 juin 2025, Éric Denécé, ancien agent et analyste reconnu avec des passages fréquents sur RFI et France Inter, est retrouvé mort dans sa voiture. Suicide, disent les autorités.
Pas de lettre. Peu de bruit.
Quelques posts sur les réseaux sociaux, mais pas d’articles inquiets dans la presse dite « sérieuse ». Et pourtant, Denécé avait tiré la sonnette d’alarme dès 2014 sur la vente d’Alstom à General Electric, dénonçant un risque majeur pour la souveraineté énergétique et industrielle de la France.
Il avait publié un rapport percutant via le CF2R, son centre de recherche, un espace libre mais à contre-courant, où il posait des questions dérangeantes. Il soulignait notamment la cession des turbines Arabelle, utilisées dans les centrales nucléaires françaises, et parfois dans la propulsion de sous-marins, ce qui représentait un abandon de souveraineté énergétique et technologique sans précédent. Un savoir-faire unique au monde, fruit de décennies d’ingénierie française.
Cela lui avait valu d’être entendu au Parlement.
Tout comme Olivier Marleix, il faisait partie des rares figures à s’opposer frontalement à cette opération. Tous deux avaient mis au jour un mécanisme de commissions massives, plus de 100 millions d’euros, versées à une quinzaine de cabinets privés (avocats, banques, consultants).
L’ancien ministre Arnaud Montebourg, qui partageait leurs suspicions, fut entendu en commission. C’est alors qu’il lâcha cette formule glaçante : « Tout Paris avait été loué ». Marleix, lui, alla plus loin : il dénonça un pacte de corruption, soulignant que nombre de bénéficiaires figuraient parmi les donateurs de la campagne d’En Marche en 2017. Il saisit le Parquet national financier. Et puis le silence.
Moins d’un mois plus tard, le 7 juillet, le député Olivier Marleix, figure des Républicains, est retrouvé pendu. Il enquêtait et rédigeait un livre prévu pour novembre au titre évocateur "Dissolution française". Nul doute qu'il serait revenu sur la vente d’Alstom à General Electric, le dossier explosif sur lequel il s’était publiquement opposé… notamment sur le rôle joué par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie.
En parallèle, trois agents de la DGSI se sont aussi suicidés en 2025. Deux à 48 heures d’intervalle en janvier. Un autre en juin, dans un véhicule de service. Aucun communiqué détaillé. Aucune réaction politique. Pas d’interrogation publique.
Dans d’autres sphères, la Direction des finances publiques enregistre treize suicides et huit tentatives en six mois. Pour le moins, c'est une anomalie. On parle de surcharge, d’isolement, d’épuisement. Mais aussi, peut-être, d’un système qui désagrège ses serviteurs.
Transparence ou maîtrise du feu ?
La DGSE « s’ouvre », dit-on. Elle recrute sur LinkedIn. Elle nettoie son image. Mais peut-on croire que cette parole surgisse par hasard, en plein mois de juillet, au moment même où l’on enterre des hommes d’État, des analystes, des agents ?
Peut-on parler de transparence quand tout ce qui entoure ces drames reste flou, classé, ou minimisé ?
Parler, dans ces sphères-là, n’est jamais anodin. Et parler maintenant, c’est sans doute surtout une façon de dire : « Circulez, il n’y a plus de secret. »
Parler ou se taire ?
Le renseignement s’habille d’éthique, se pare de valeurs humaines, se dit démocratique. Tant mieux. Mais la coïncidence des calendriers, le silence sur certains morts, et l’usage toujours millimétré de la parole autorisent encore le doute.
En matière d’ombre, le plus habile n’est pas celui qui se cache.
C’est celui qui parle juste ce qu’il faut pour qu’on ne pose plus de questions. Et si parler était devenu la meilleure façon d’étouffer ?
Je voudrais préciser, au moment de signer cet article, que : "Je ne suis pas suicidaire !"
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Carnet de veille d’un homme de radio qui croyait servir la République.