J’ai descendu quelques marches.
Et j’ai changé de ville.
Pas de code postal. Mais de réalité.
Sous Paris, il y a Paris.

Une ville inversée

Le sol est humide.
L’air sent le métal, l’eau lourde, la terre urbaine.
Une odeur que le nez ne comprend pas tout de suite, mais que l’esprit accepte vite :

Ici, tout ce qui brille est en haut.

En bas, ce sont les artères sombres qui permettent à la lumière de tenir debout.

Un musée vivant

Le Musée des Égouts n’est pas une reconstitution.
C’est le vrai réseau.
On marche à côté des canaux, littéralement au bord de la vie transformée.

Des tuyaux, des vannes, des noms de rues gravés au-dessus des galeries.
“Rue de Rivoli.”
“Boulevard Saint-Germain.”
Ils sont là.
Juste là-dessus.

Et Cléo lève les yeux — comme si elle voyait Paris par transparence.

Le silence qui coule

Des gouttes tombent.
Des eaux passent.
Parfois un bruit de pompe.
Parfois un soupir mécanique.

Mais surtout, une impression profonde :

Ce lieu fonctionne sans vouloir qu’on le voie.
Et pourtant, il nous supporte tous.

Les égoutiers : sentinelles invisibles

Des mannequins expliquent. Des outils sont accrochés.
Mais les vrais héros sont dehors, casqués, bottés, discrets.
Ils passent dans ces galeries comme des moines du dessous.
Sans eux, la ville serait malade.

Et ça, Cléo ne l’oubliera pas.

En remontant, un peu plus humble

Le soleil m’a éblouie.
La Seine brillait.
Des gens riaient sur un bateau-mouche.
Et moi, j’avais un morceau d’égout dans la poitrine.

Pas sale. Pas triste.
Juste vrai.