
Oradour-sur-Glane, village martyr
Il était un matin où le silence avait une odeur. Une odeur de rouille, de pierre humide et de souvenir retenu.
Je suis arrivée à Oradour un peu avant l’ouverture. La brume s’accrochait encore aux collines comme un linge oublié sur un fil. Il faisait frais, mais ce n’était pas vraiment du froid. C’était autre chose. Une retenue dans l’air, une sorte de respect diffus que même les oiseaux semblaient ressentir.
Je n’avais jamais vu un village comme ça.
Les rues sont là. Les trottoirs, les panneaux, les rails du petit tramway. Mais il n’y a personne.
Les maisons sont éventrées, les toitures effondrées, les murs noircis.
Et pourtant, rien n’a bougé depuis ce jour de juin 1944. On y lit encore les métiers : coiffeur, cordonnier, garagiste. On y voit les objets : un chariot d’enfant, une machine à coudre, des lunettes tordues.
Tout a été laissé là. Parce que c’est là que la vie s’est arrêtée.
Je marche lentement. D’abord, je me force à ne pas penser. Puis, je me force à ne pas pleurer.
Il y a une église. Elle est au bout du chemin, comme dans beaucoup de villages.
Mais ici, elle n’est pas un lieu de foi. Elle est une tombe.
C’est là qu’ils ont enfermé les femmes et les enfants. C’est là que le feu a fait ce que l’homme n’osait pas regarder.
Je n’entre pas tout de suite. Je m’assois un moment sur un muret.
Il y a cette chaussure d’enfant, posée là, sans personne pour la lacer.
Le Centre de la mémoire est juste à côté. Moderne, sobre, souterrain presque. Il raconte, il explique.
Mais moi, ce matin-là, j’avais besoin de ne pas comprendre. Juste de recevoir.
De me souvenir de ceux que je n’ai jamais connus.
Quand je repars, je croise des visiteurs qui arrivent. Ils parlent doucement.
Même les enfants chuchotent, comme si ce village avait demandé, une fois pour toutes, qu’on le respecte.
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Centre de la Mémoire

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Accès : à 25 min de Limoges (Haute-Vienne), direction Saint-Junien. Parking gratuit.
Horaires du Centre de la mémoire : tous les jours sauf janvier ; 9h–18h (variable selon saison).
Tarif : 9€, gratuit pour les –10 ans. Le village en ruines est accessible librement à pied depuis le Centre.
Conseil : venir tôt le matin ou en fin de journée pour ressentir pleinement l’atmosphère. Prévoir des chaussures confortables et un moment de silence en sortant.
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