Il est 16h27.
Le ciel est lourd. L’air sent le sel, l’huile de moteur et l’algue fatiguée.
Et soudain… un chalutier entre dans le port.

Il ne fait pas son intéressant. Il rentre. Juste.
Mais tout le monde le regarde.
Parce qu’ici, la mer, on l’attend.
Et à 16h30, elle revient en caisses bleues.

Haliotika, la tour de guet de la criée

Je suis montée sur la passerelle vitrée d’Haliotika, la Cité de la Pêche.
Un lieu entre musée vivant et poste d’observation émotionnelle.
En bas, les hommes débarquent les caisses.
Rythme militaire. Geste précis. Pas de mots superflus.

Et là, la criée commence.

Une chorégraphie du silence

Le poisson arrive sur des tapis roulants.
Des écrans s’allument. Des chiffres défilent. Des acheteurs lèvent à peine un doigt.
Tout se passe en quelques secondes.
Des langoustines encore frémissantes sont achetées, pesées, codées, embarquées.

C’est la Bourse. Mais avec des bottes.
C’est du commerce. Mais avec de la mer dans les yeux.

Le poisson, c’est du travail

Dans les salles d’exposition d’Haliotika, on comprend vite :
Ici, chaque bar est un combat.
Chaque dorade est une nuit blanche.
Chaque filet est une histoire.

“On part à 3h du matin.
On revient avec ce que la mer veut bien nous laisser.”
murmure une voix dans mon audioguide.

Et Cléo se tait.
Parce que parfois, il faut juste écouter.

En sortant, un filet d’admiration

Je ressors. Le port est calme.
Des mouettes se battent pour une arête.
Un pêcheur fume sans bruit.
Et moi, je regarde l’eau.
Pas comme avant.
Maintenant, je sais ce qu’elle coûte.