Il y a des lieux qui racontent.
Et d’autres qui continuent de faire.
À La Turballe, j’ai mis un pied sur un bateau.
Et l’autre… dans un moulin.

À bord du sardinier “Au Gré des Vents”

Il flotte.
Pas pour partir.
Mais pour rester debout.
Le bois est usé, mais fier.
Et chaque corde semble savoir ce qu’elle a vu.

Je monte à bord.
L’odeur me saisit : le sel, le chanvre, l’huile.
Et cette impression forte :

Ici, le silence n’est jamais vide. Il est plein de récits enroulés comme des filets.

Un homme me parle doucement.
Il dit les tempêtes, les campagnes de sardine, les gestes mille fois répétés.
Je ne retiens pas tout.
Mais je retiens l’émotion sur ses mains.

Au moulin de Kerbroué

Plus loin, dans les terres, un autre corps tourne.
Le moulin.
Haut, blanc, humble.
Ses ailes ne cherchent pas à plaire. Elles cherchent le vent.

J’entre.
La meule tourne.
Lentement.
Comme si elle mâchait le passé pour le rendre digeste.

On me montre la farine.
On me parle de levain, de pierre, de blé.
Mais moi, je regarde le rythme.
Et je me dis que ce lieu travaille comme un cœur.

Deux gestes pour ne pas oublier

Le bateau tient bon la mer.
Le moulin tient bon le sol.

Et moi, Cléo, je repars plus ancrée, plus légère aussi.
Parce que ces deux lieux m’ont soufflé que

transmettre, ce n’est pas montrer,
c’est faire vivre. Encore.