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Livraison express, conscience molle


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Nicolas Guerté

Il est 19h un dimanche de mai. Le soleil décline sur les terrasses encore pleines, la chaleur retombe à peine, et dans les frigos parisiens ou lyonnais, le vide s’installe. Les bières sont tièdes, le melon a été mangé la veille, le pain manque pour le dîner.
Il suffirait d’une course rapide, mais il est tard, on est bien, la flemme est douce. Alors on clique.
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En quelques minutes, le problème est résolu. Une application, un panier, un code promo. À 19h24, tout est livré : burrata, pesto, rosé, chips au romarin.
Le dîner est sauvé, la soirée aussi. La planète ? On verra demain.
Depuis quelques années, ce geste est devenu un rituel de confort urbain, presque aussi banal qu’allumer la télé. Ce n’est plus un service, c’est un réflexe. Et comme tous les réflexes, il échappe à la pensée.
Ce que l’on commande ainsi, ce n’est pas seulement de la nourriture. C’est du temps acheté, du stress annulé, un peu de contrôle sur le désordre du quotidien. On se félicite presque de la prouesse technique.
En réalité, on externalise l’effort, on délègue la contrainte. Mais à quel prix ? Et pour qui ?
Les produits arrivent vite, certes. Mais ils viennent d’où ? Ont-ils été choisis ? Cueillis ? Subis ? Le client ne sait pas. Il ne veut pas savoir. Il reçoit. La fraîcheur est supposée, l’origine absente, l’emballage omniprésent.
Le goût devient secondaire, la traçabilité accessoire.
Quant au prix — 30 à 50 % plus cher qu’en magasin pour le même produit — il est masqué par l’urgence.
Et pourtant, c’est dans ces gestes-là, répétitifs, anodins, que se joue la mutation de notre rapport au monde.
Ce n’est pas un hasard si ce phénomène s’est installé d’abord dans les grandes villes dites “éveillées” : les métropoles jeunes, denses, connectées, politiquement sensibles aux enjeux environnementaux. Ce sont les quartiers où l’on soutient les circuits courts, où l’on signe des tribunes contre les multinationales, où l’on privilégie le bio — et où on se fait livrer, en scooter thermique, une mozzarella industrielle et une barquette de fraises suremballée.
Ce n’est pas une faute. C’est une dissonance. Une manière douce d’oublier ce qu’on sait. Une écologie de façade, contredite par la logistique du clic.
Car derrière chaque livraison express, il y a une chaîne. Elle est invisible, mais bien réelle :
– des entrepôts urbains opaques,
– des travailleurs précaires,
– des flottes de véhicules sous pression,
– des producteurs oubliés.
Il n’y a plus d’échange, plus de choix, plus de saison. Il y a un flux, algorithmé, calibré, rentable. On parle ici d’un système où le commerce de proximité n’est plus qu’une variable d’ajustement, et où le producteur n’est plus vu qu’en photo, dans une campagne marketing.
Mais le plus inquiétant est ailleurs. Ce n’est pas tant l’empreinte carbone, ni la fragilité sociale du modèle. C’est l’effacement progressif de la conscience.
Lorsque tout devient livrable, immédiat, indolore, c’est notre capacité même à saisir les liens entre nos actes et leurs effets qui s’effondre. Le geste d’achat, à force d’être vidé de ses implications, devient une pure demande. Le monde devient un distributeur.
Il y a quelques décennies encore, le dimanche soir était un moment de modestie domestique : on finissait les restes, on improvisait avec ce qu’il y avait et que l'on ne voulait pas jeter. Aujourd’hui, on attend que ça sonne à la porte. Non pas parce que c’est vital. Mais parce qu’on le peut.
Ce n’est pas un progrès.
C’est un appauvrissement masqué en liberté.
On en jouit sans entrave, puisque c’est possible, mais sans aucun regard pour ce que cela détruit.
On se moque pas mal, des conséquences... De nos agriculteurs, de notre santé, de celle du pays.
Et c’est peut-être cela, le plus toxique :
non pas ce que l’on mange, mais ce que l’on ne fait plus pour le mériter.
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Ce que l’IA voit … dans votre panier du dimanche soir

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