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L’Enfer du Nord ou l’éloge du chaos


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Igor Sifensarc

Carnet de route d’un homme qui vibre
On ne voit pas le départ. On l’entend.
Un grondement sec, comme un fouet sur le bitume. Puis les premiers cliquetis, les râles de chaînes tendues à l’extrême. On est cent quatre-vingts, entassés, blottis dans nos carcasses de carbone. Moi, je serre les dents déjà, parce que je sais. Roubaix, ce n’est pas une course, c’est un désossage
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Les premiers kilomètres, on fait semblant d’être civilisés. Des trajectoires propres, des relais souples, du jargon tactique à l’oreillette. Et puis, soudain, l’asphalte cède. Un bruit sourd, comme si le sol même refusait de nous porter.
Arenberg.
J’y entre comme on entre en guerre. Le pavé me parle directement, il m’envoie ses messages par secousses : mes poignets explosent, mes coudes crissent, mes dents dansent dans ma mâchoire comme des billes en vrac.
Les bras vibrent si fort que je crois qu’ils vont s’éjecter de mes épaules.
Et il reste 48 kilomètres de pavés.
Van der Poel est devant, bien sûr. Il fend le chaos avec cette manière d’être ailleurs, à moitié dieu, à moitié machine. Derrière lui, Pogačar, le prince slovène, découvre. Il a tout gagné, mais pas encore ce terrain-là, ce cirque poussiéreux, ce théâtre de bruit et de boue. Il est beau à voir, même sale, même meurtri. Le genre de beauté qui n’a pas peur de s’abîmer.
Je suis là.
Je ne suis pas favori, je suis un survivant.
La pluie a évité la course cette année, mais les rafales latérales nous frappent comme des gifles. À chaque secteur, la peur : crever, glisser, être projeté contre un muret de fermette du Nord.
Autour de moi, des cris. Des mécanos hurlent. Des motos déboulent. L’hélicoptère au-dessus est un insecte géant venu aspirer nos âmes.
Il n’y a plus de pensée ici.
Que du corps.
Un corps éclaté en mille fragments, qui doit tenir ensemble.
Mons-en-Pévèle. Je perds l’usage du mot “confort”.
Le vélo me torture comme un vieil ami trahi.
Mais je suis encore là.
Et chaque coup de pédale, c’est un acte de foi : je crois qu’au bout, il y a autre chose. Pas une victoire — je n’en ai plus l’illusion. Mais une délivrance.
Les pavés sont les seuls adversaires qui n’ont pas vieilli. Les sponsors changent, les cadres s’allègent, les roues s’élargissent.
Mais eux, les pavés, sont fidèles à leur cruauté.
On a beau leur opposer l’aérodynamisme, le calcul des watts, les pneus tubeless… ils rigolent dans leur langue de granite.
Le Carrefour de l’Arbre.
Un nom d’embranchement, un point de bascule.
Là, les héros se brûlent les ailes ou naissent.
Aujourd’hui, c’est Van Aert qui attaque. Un sursaut de panache, de ceux qu’on ne mesure pas en watts, mais en souffle vital.
Moi, je suis 38e. Je n’ai plus de gel, plus de jambes, mais j’ai un rêve idiot : finir. Juste entrer dans le Vélodrome de Roubaix, faire un tour, lever les yeux, entendre la clameur — même si ce n’est pas pour moi.
Et puis j’y suis.
La piste, douce, ovale, presque moelleuse après ces heures de douleur.
Je pleure. De fatigue. D’avoir tenu.
D’être encore là.
Paris-Roubaix ne vous donne rien.
Mais si vous acceptez de tout lui donner, alors, parfois, elle vous laisse passer.
Et vous découvrez ce que veut dire "avoir le haut du pavé" : pas une place, mais un honneur.
🧠 Cet article a été coécrit avec l’intelligence artificielle. Il vous a plu, surpris, enrichi ? Soutenir, c’est partager :
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